Catherine Jasmin

- 01 octobre 2022

Chère Madame Guttierez,

Je vous écris pour prendre de vos nouvelles, savoir si vous allez bien.
J'imagine les derniers vacanciers s'attarder à l'arrière-saison. Le
marais, les abbayes, doivent être si beaux, sous ses lumières ! Vous
devez avoir du monde et du travail. Votre joli jardin change-t-il de
couleur avec l'automne ? Les conches se sont-elles gorgées d'eau ? Je
regrette de ne pas avoir fait assez de photos, avec un appareil digne de
ce nom. Ici, nous sommes en plein travail. La vie suit sa routine,
ponctuée d'aléas, de joies, de bonnes surprises.
Le souvenir de ces vacances est resté fort et lumineux. Je me repasse
souvent les images de nos conversations, votre accueil, le petit
déjeuner savoureux et animé, la cuisine partagée et ses rencontres, ses
soirées en terrasse.  Il faisait bon étirer le jour jusqu'à tard, humer
l'air après la chaleur, profiter de l'instant en arrêtant le temps. J'ai
aimé la nuit épaisse et dense du bocage, les petits bruits assoupis ou
matinaux derrière les volets. J'aurais voulu rester un peu plus dans ce
cocon douillet, faire craquer son parquet, écouter ses objets délicats,
minutieusement choisis. Ils parlaient d'une vie sensible, aimante et
bien remplie. J'ai aimé la poésie des lieux, les photos, les écrits. Ils
retiennent le voyageur avec douceur et scandent ce qui compte.  Ce monde
attache parce qu'il a une âme, que l'amour et la volonté l'ont forgé. Il
ne ressemble à aucun autre.
Nous avons pleinement profité de cette parenthèse enchantée. La vie
devrait toujours être à l'image de ces instants : profonde, vivante,
simple et généreuse. J'espère revenir un jour. Tout s'est gravé avec
bonheur.

Par : Catherine Jasmin